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Édition #26 — 9 février 2020

Cher ami du whisky,

A mon tour de rédiger une édition de notre newsletter du dimanche 🙂

Je vous y parle ce soir de notre dégustation de la Scotch Malt Whisky Society de lundi dernier.

Et avant ça, je vous parle de la distillerie Ailsa Bay, que j’ai pu côtoyer d’un peu plus près en faisant déguster un de ses whiskies lors d’une animation donnée récemment.

Bonne lecture,

Julien

Around the malt

Ailsa Bay, le whisky 4.0

Une fois n’est pas coutume, on part s’aventurer dans les Lowlands près de la frontière avec le perfide Albion et plus précisément à Girvan. Nous nous nous retrouvons sur la côte, une cinquantaine de miles au sud-ouest de Glasgow. Cet ancien petit port de pêche de 7000 habitants est devenu une cité balnéaire mais la ville abrite également une grande distillerie de grain fondée en 1963 par William Grant & Sons.

Elle produit 110 millions de litres d’alcools pur par an, du whisky de grain destiné aux différentes marques de blend du groupe. Sur ce site qui a connu l’éphémère et donc mythique distillerie de malt Ladyburn (1966-1975), une nouvelle distillerie de malt a vu le jour en 2007.

Elle se nomme Ailsa Bay et doit son nom à une île située au large de Girvan, Ailsa Craig. Une distillerie ultra-moderne qui produit un whisky 4.0.

Pourquoi « 4.0 » ? Parce que cette distillerie, qui n’était pas destinée à sortir un embouteillage officiel, ressemble à tout sauf à une distillerie traditionnelle. Elle ne se visite pas et tout y est automatisé. Ailsa Bay se veut innovante dans son processus de création et considère que son unique réalisation en vente actuellement, le 1.2 Sweet Smoke, et parfaitement équilibrée dans ses notes de tourbe et de fruit.

Elle en veut pour preuve une méthode de double séchage pour quantifier le degré de douceur et de tourbe : une partie du malt est séchée à un degré de 30 PPM (Part Per Million de phénols) pour la tourbe, l’autre partie a été séchée à un degré de 50 SPPM (Sweet Part Per Million). Cette seconde mesure est une création révolutionnaire du master blender Brian Kinsman qui l’aide à quantifier le degré de douceur et de notes fruitées dans un whisky.

Ces deux malts sont assemblés et brassés pendant 5 heures et 59 minutes. Cette longue durée permet d’obtenir un jus de céréales plus clair avec des esters plus fruités. La fermentation dure quant à elle 68 heures, contre 48 heures traditionnellement, apportant également des notes plus fruitées.

A l’issue des deux distillations classiques, on obtient un distillat estimé cette fois-ci à 22 PPM pour l’aspect tourbé et 19 SPPM pour l’aspect fruité.

Au niveau de la maturation, elle est accélérée car le vieillissement a lieu entre 6 et 9 mois dans de petits fûts qui font entre 50 et 100 litres maximum, les fameux « Baby Bourbon barrel » d’Hudson.

Au niveau de la dégustation, c’est une bonne voire une très bonne surprise :

  • Au nez, des notes de bois fumé avec une légère pointe de bruyère. La douceur est renforcée par des notes de caramel.
  • En bouche, on sent la vivacité d’une tourbe légère en équilibre avec l’explosion des notes de vanille, de fruit, de caramel. Le palet oscille entre des notes fumées et une douceur raffinée.
  • La finale est longue et prolonge cet entre-deux.

Perfect moments

Dégustation des sorties de février de la SMWS

Hébergée une nouvelle fois par notre cher Hopscotch toulousain, voici notre compte-rendu de la dégustation de l’outturn de février, commenté par notre fidèle lecteur Olivier avec quelques ajouts de ma part.

Nous avons commencé par le 58.34 « Napping in a larder« , profil Spicy & Sweet, 8 ans d’âge titrant à 60,8%. Issue de la bucolique distillerie de Strathisla appartenant à Pernod Ricard et vieilli en fût de bourbon de premier remplissage, il est parfaitement dans le thème avec un goût très pâtissier et un petit côté rhum-raisin. Avec de l’eau, il ne perd pas de son charme et son côté épicé ressort plus encore.

Le second verre est le 10.184 « Brittle Royale » du même profil aromatique. Et surprise, il nous provient de l’île d’Islay : c’est un Bunnahabhain de 14 ans en bourbon de premier remplissage, à 59,4%. Ici, on est sur un nez à la réglisse, loin de la tourbe de l’île. L’alcool est moins présent en bouche pour le plus grand plaisir de tous. Il est très délicat puis huileux, il empâte la langue. Et avec un peu d’eau, il est encore plus sympathique. Un bon choix et le coup de cœur de la soirée de Julien !

On atteint la mi-temps avec 112.41 « Tart fruit crumble« , un Sweet, Fruity and Mellow de la distillerie Inchmurrin (Loch Lomond) vieux de 10 ans à 59,6%. Il a passé 8 en hogshead de bourbon puis a été fini deux ans en fût re-toasté, passé au chalumeau. Le nez est assez floral. En bouche, on pense à un rye. Voilà qui n’est pas pour me déplaire. Avec sa bouche fruité, il aussi su séduire la seule femme de l’assistance.

On continue avec le 46.84 « Sipping from a velvet Tardis« ,un Glenlossie vieilli pendant 17 ans dans deux butts de sherry oloroso différents, titrant à 58.7%. Une belle couleur rouge, un Deep Rich & Dried Fruits. Un nez adorable de griottes macérées. En bouche, le fruit est moins marqué. Un peu d’eau et un goût d’amande remonte. L’eau le bonifie en bouche.

Le 5ème semble sorti d’une pâtisserie. « Slivovitz, rumtopf and Black Forest gateau« , 95.31, un Deep, Rich & Dried Fruits venu de la distillerie Auchroisk après 10 ans en barrique de vins et titrant à 58,6%. Au nez, on est sur de la prune. La bouche est un peu agressive, l’eau n’en sort pas beaucoup plus. Il ne restera pas dans nos mémoires.

Le dernier de la soirée est tourbé et provient d’une distillerie appréciée et récurrente de la SMWS. On ne peut que repenser à « Eternal Bliss » qui nous avait tant ému en novembre. 66.162, « A true harmony of flavours » est un Ardmore de 13 ans, vieilli 12 ans en fût de bourbon et fini en barrique de chêne français. Le nez est léger et subtil, un appréciable goût de viande grillée. En bouche, on est encore sur un breuvage subtil, à la tourbe délicate. Un bon tourbé, mais pas le meilleur qu’on ait dégusté.

Rendez vous le 2 mars pour un nouveau moment d’amitié maltée.

Ça vous a plu ?

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