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Whisky Quickly #8 — 15 Décembre 2019

Cher ami du whisky,

Ce week-end avait lieu le salon Régal à Toulouse, un chouette événement pendant lequel de nombreux acteurs de la gastronomie occitane sont réunis sous un même toit, au Palais des Congrès.

On est passé y faire un tour, et au gré des dégustations de vins, d’huitres et de charcuterie, on est tombé sur le Domaine Laguille.

On vous a parlé de ce domaine la semaine dernière : situé à Eauze dans le Gers, c’est une des cinq distilleries d’armagnac à avoir vendu des fûts à la SMWS. C’était il y a deux ans.

La Scotch Malt a embouteillé le A2.1 l’an passé, avant de sortir le A2.2 ces derniers mois. Un armagnac distillé en 1974 nommé « Enchanted woodland stroll« , qui a remporté plusieurs distinctions à des concours internationaux, et qui a conquis tout le monde lors de la dégustation de l’outturn de décembre, la semaine dernière.

Alors quand on a vu leur stand sur le salon, on ne pouvait que s’arrêter discuter un peu. Et déguster quelques trucs 😉

On a attaqué directement avec leur gamme Small Batch, conçue pour plaire aux amateurs de whisky. Impossible de goûter à leurs deux bruts de fût millésimés (1988 et 1992), non-proposés à la dégustation, mais on avait tout de même trois belles bouteilles devant nous. D’abord un 10 ans, sympa, puis un 20 ans, encore mieux, puis une pépite.

Une étiquette bleue avec écrit dessus « Heavily Peated Whisky« . Quoi ?!

Non, Laguille ne s’est pas mis à distiller du malt. Mais lors de ses échanges avec la SMWS, le domaine a pu se faire prêter un fût ayant contenu du whisky tourbé, dans lequel ils ont ensuite fait vieillir leur armagnac.

Le fût en question était un fût neuf de chêne français, ayant seulement contenu du Ledaig pendant 1 an (pour transmettre les propriétés du bois neuf à ce whisky bien tourbé). Le caractère neuf du fût ayant entrainé une grande absorption d’arômes tourbés par le bois, il n’a ensuite fallu que 3 mois d’affinage à l’armagnac de Laguille pour qu’il capte tout ça.

Le résultat est superbe : embouteillé brut de fût à 53.6%, cet armagnac ne ressemble logiquement à aucun autre armagnac qu’on a pu goûter ailleurs. La tourbe est bien enrobée dans les arômes fruités et gourmands de l’armagnac, et c’est un vrai plaisir à déguster.

Tellement qu’on a craqué pour une bouteille. Une des dernières de l’embouteillage, puisqu’il s’agissait de la n°319 sur 350. Si ça vous intéresse, ne trainez pas.

Surtout que ce genre d’expérimentation risque de ne pas se reproduire de si tôt 🥺

Car en discutant avec la représentante du domaine, on a appris que l’interprofession de l’armagnac venait de durcir ses règles en matière de vieillissement.

Elles étaient pourtant déjà contraignantes, puisque les fûts devaient être faits de chêne français uniquement.

Elles sont désormais carrément limitantes, puisqu’il devient interdit de faire vieillir de l’armagnac dans un fût ayant contenu autre chose que de l’armagnac ! Exit donc les finitions en fût de whisky, de rhum, ou autre. Et exit la créativité, l’innovation.

Quelle tristesse ! Alors que le (plutôt conservateur) whisky écossais avait montré un vrai signe d’ouverture ces derniers mois, en autorisant le vieillissement dans tous types de bois (et pas seulement le chêne), voilà que l’armagnac fait l’inverse, en se fermant encore plus.

On ne peut que déplorer ce si grand conservatisme. Face à la concurrence de spiritueux de grande qualité du monde entier, face à l’explosion des distilleries artisanales (notamment de whisky), voilà que notre spiritueux régional, qui ne brille guerre sur le plan commercial, se rajoute des barrières en voulant rester dans le passé…

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